29 Janvier 2016
J’entends cette fois des pas de l’autre côté, un verrou tourne, le battant s’ouvre, Jake apparaît. Il a les yeux bouffis de quelqu’un qui vient de se réveiller et il est torse nu. Il tient à la main un pot de beurre de cacahuètes et il a une cuillère à la bouche. Et tout ça ne l’empêche pas d’avoir un charme fou… Il me regarde d’un air surpris , puis retire la cuillère de sa bouche avec un bruit mouillé. Bon, OK, il n’a pas tant de charme que ça.
— C’est vraiment dégoûtant, comme façon d’accueillir les gens, dis-je.
— Moi aussi, je suis ravi de te voir, répond-il, en ouvrant une bouche pleine de beurre de cacahuètes. Je me penche pour essayer de voir derrière lui.
— Tu me laisses entrer ?
Il plante la cuillère dans le pot et soupire.
— J’ai le choix ?
— Pas vraiment.
— Tu sais jouer Let it be à la guitare ? je demande. Je parle tout bas pour ne pas réveiller Laney. Je ne voudrais pas qu’elle nous surprenne dans cette position, pelotonnés l’un contre l’autre —même s’il n’y a rien de sexuel entre nous. Jake remue derrière moi.
— Non, je ne crois pas.
— Mais tu saurais la chanter ?
Il approche sa bouche de mon oreille pour fredonner. Je ferme les yeux. Bercée par sa voix, je m’endors avec mon chagrin.
Je sais qu’il ne faut surtout pas que je l’embrasse. Non. Et moi, je ne vais pas l’embrasser. Mais s’il m’embrasse je ne le repousserai pas. Je pourrais dire que c’est parce qu’il fait froid et que j’ai besoin d’être réchauffée. Ou que je suis perdue et déboussolée, loin de chez moi (non, d’accord, là faut pas pousser). Ou encore prétendre que je suis prise d’un coup de folie. Mais tout ça, ce serait bidon. Alors, disons que s’il approche trop près ses lèvres des miennes, eh bien, en vertu de la loi d’attraction, ou un truc comme ça, je ne pourrai pas résister à celle de ses lèvres. Et c’est tout. Ça ne signifie rien de plus. C’est une question d’atomes . Purement.
— Pour moi, ça a de l’importance, murmure-t-il tout contre ma bouche. Puis il m’embrasse. Ça fait déjà quelques jours que je me dis que, s’il m’embrasse, je lui rendrai son baiser. Mais je n’en ai pas le temps . A peine ai-je senti la ferme pression de ses lèvres contre les miennes qu’elles se retirent. Je devine à son expression figée qu’il regrette. Je ne m’en offense pas, je comprends qu’il a peur.
— Je n’aurais pas dû, dit-il précipitamment. Je suis un idiot.
— Oui, c’est bien vrai. Tu es un idiot.
Je l’attrape par le col de sa chemise et l’attire à moi. Il laisse échapper un son étouffé, hésite une seconde, puis entrouvre les lèvres. Cette fois, nous nous embrassons pour de bon
On ne peut pas être amoureuse d’un garçon qu’on connaît depuis à peine une semaine. Surtout quand ce garçon a le don de vous taper sur les nerfs. Même s’il est séduisant, charmeur, intéressant, et qu’il sait vous écouter. Même si c’est le seul être avec qui vous avez la sensation d’être enfin vous-même. N’est-ce pas ?
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Caroline 30/01/2016 17:45
Carole94p 30/01/2016 17:50